1.
Je smoke night & day. Je ne vape plus. Je combure. A fond.
J’allume un blunt. Hier j’ai acheté des feuilles de cigare au goût de
champagne, non, je voulais champagne ou kush mais comme ils avaient très peu de
choix, j’ai pris fraise-kiwi. Le ciel n’est pas bleu à travers la fenêtre. Ce
n’est peut-être pas le début de l’été. C’est la nuit. Il n’est pas minuit
trente-deux. Je ne bois pas encore une seize.
fenêtre
ouverte
fumant
sur le canapé
dans
le salon bleu
« Tu
peux prendre un selfie et me l’envoyer ? »
Ça
faisait quelques minutes qu’on se parlait. Et ça s’emballait déjà apparemment.
D’un coup, tout s’accélérait et prenait une tournure intéressante. Il n’y avait
plus d’hésitations. C’était parti.
Direction
le frigo.
2.
Crois-tu
qu’on puisse réellement boursicoter sur les nouvelles voies maritimes suite à
la fonte du Pôle Nord ?
Ce
monde est en arrêt sur image, des rangées de bébés-éprouvette mort-nés. Aucune
manière d’y échapper. Tu peux cloner ton chien pour 100 000 $ en Corée du
Sud. Demain tu pourras cloner le monde. Ta femme. Tes enfants. Ta star
préférée. Regarde-moi, regarde-toi, nous sommes les rouages du Big Data.
Hibakushi. Sâdhu Ganja en mode Hobbo. J’écris ce que je
vois parce que je ne le verrai qu’une fois. Les brisures constantes, les
cassures classiques in-vitro, asphyxié sous blister, date de péremption, pris à
la gorge par les traites, les traités, les contrats, les contrats qui sifflent sur
ta tête, les crédits revolving qui desquament la peau de tes enfants, les
leasings, les courses quotidiennes de provisions toxiques à l’hypermarché qui
marge comme un malade ; ce sont des mètres infinis pieds nus sur une
slackline de verre pilé sans corde de survie.
Je suis là pour écrire ce qui s’efface dans le ronronnement
poisseux du quotidien lambda, la vie carte postale dorée au revers dégueulasse,
le petit pavillon Truman Show, l’odeur des barbecues dès qu’il y a un pauvre rayon
de soleil, les digicodes, les caméras et les applis pour rester en forme,
l’ennui, l’immonde bonheur, la révision de la chaudière, l’étroitesse des
week-ends, le son du réveille-matin, je suis là en train de te dire que toutes
ces choses, au bout d’un moment, sont trop à gérer pour le singe moyen de 7 à
77ans.
Alors un jour, tu cherches du fric facile.
(...)
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