(...)
Immergé dans un labyrinthe urbain. Une nouvelle ville
dans un nouveau monde. Une autre vie. Une découverte à chaque seconde. Imaginez
la puissance d’un nouveau moteur. Une sensation d'ivresse dans un métavers où
tu n’as pas vraiment encore tes repères.
Shhh. Je couvre
chaque centimètre carré. Tags, phrases, mots, lettres – griffes. Sous les chemtrails
en négatif et les Blu-ray qui strient les silences incubés au-dessus des
flaques brunes. Tunnels, halls, métro, fourgons, banques, assurances, vitrines.
By night. Chaque centimètre carré. Je repeins chaque nuit les murs de la ville
numérique.
Je me souviens que mon corps physique est chez moi
dans la pièce immersive, je ressens aussi les éléments du monde numérique qui
m’entoure palpiter dans la nuit. La rue est réelle. Il fait froid. Je fais de
la brume quand je respire à travers mon foulard.
Pour les
personnes sensibles, nous conseillons de prendre un anti-nauséeux notamment
pour les dix premières connexions.
Le jeu va bientôt prendre une nouvelle tournure. Pour
l’instant, il n’y a pas vraiment eu d’objectif mis à part découvrir le monde et
gagner des créds d’une manière ou d’une autre. Ici, c’est pareil que dehors. Il
te faut du pèse. Alors à chacun de trouver quoi faire pour en récolter. En
gros, tu peux graffer, hacker, dealer, voler, braquer, receler. Que de l’illégal.
Et chaque action que tu accomplis à 100% te rapporte des créds qui te
permettent de passer au niveau supérieur et d’ouvrir la ville.
J’ai décidé de finir mon graff avant de me
déconnecter.
Plus besoin de joysticks, manettes ou autres contrôleurs
pour jouer. Il n’y a plus de barrières ; juste vous et votre corps, des
pieds à la tête.
Je n’ai que peu de lumière, la lueur des lampadaires s’enfuie
dans le brouillard sous la pluie. Mes bombes marchent mal. Le mur est détrempé.
Faut que je termine le graff pour passer le niveau. Une
sirène irradiée se rapproche. Merde.
Même si ce district est assez relax en théorie, il faut
faire gaffe. Partout, il faut faire gaffe. Car les flics ne font pas dans la
dentelle. Si on te chope à taguer les murs dans ce monde, ils ne font pas de
quartiers : ils te dessoudent.
Chaque
acte illégal est puni par la police. Et la loi pour la police c’est de tirer
sur tout contrevenant. C’est la règle, la règle du jeu. Dans Babylone, l’espace
public ne t’appartient pas.
Tu
es prévenu dès le début du game: tu n’es pas le bienvenue dans cette
ville. Tu incarnes un futur résistant.
Si
tu te fais avoir, l’unique solution est d’auto-ressusciter pour quelques créds.
Auto-ressusciter, cela signifie que tu vas te télécharger dans une entité
vivante ici, dans le métavers. Chaque personnage simulé possède son propre
niveau basique de conscience. Comme un programme vierge que tu complèteras et qui
prendra peu à peu ton identité en jouant. Tu pourras toujours te payer une
chirurgie esthétique si tu veux que ton avatar te ressemble comme l’initial.
Sinon tu acceptes de changer de tête, de sexe et de morphologie dès que tu te
réincarnes.
Au
cas où tu n’as plus de créds et que personne ne peut t’en refiler, tu dois
attendre une semaine, sept jours, le temps de ressusciter, et ça, ça peut être
long.
Ce produit est un jeu et doit
être considéré comme tel.
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