Narcose blues. One, two, three, four. Le blues brumaille à fond. Je bois un énième,
énième whisky sans même chercher à décoller. Je pense juste à toi en double. Démantibulé. Je bois le même verre depuis des lustres. Cassé dans les
abysses. Déglingué
électrique. En boucle dans un clip infini. A ausculter les
orbes sur nos sépias disparus. Les mêmes
bandes crackées qui explosent les murs de ce bar dont je ne connais plus le nom. Ni où. Dans quelle ville. Dans quelle
ville on est. But it’s hard to pretend
you don’t know/ That when you die you won’t know.
J’ai du
mal à rester assis. Je pourrais aller au comptoir pour prendre un verre et en
profiter pour lui demander, au barman. Il sait peut-être quelque chose.
Toxique
blues. Tu hantes les ténèbres dans mon
verre. J’arrêterai
demain. Peut-être. J’allume une Lucky. Je suis le disque que
tu écoutes. Le type sur scène chante ce que je voudrais dire. Nous sommes là, en parallèle. Ici, les autres sont des extraits de nous.
Nos souvenirs sont des incipits que je poursuis à la chaîne au fond de ce bar
blues. La voix éraillée hurle ton nom au micro. Les stroboscopes cisaillent le
bar. Seul à ma table. Déstructuré. Asséché. Déchiré.
Je ne contrôle rien. Je glisse. Sans emprise. Soumis
à l’injonction blues.
Je suis un programme sans âge qui recycle les
mêmes images.
Je suis un programme qui répète les mêmes phases. Je suis le disque que tu
écoutes. Le verre que tu bois. La cigarette que tu fumes. Je suis un programme
qui énonce inlassablement les mêmes mots. Tu me manques. Bloqué dans le
process. Tu me périmes. Cette musique me fait penser à toi, tu es cette
musique, tu es le blues – tu te rappelles quand, tu m’es indispensable, sans
toi je ne peux pas vivre. Je suis un pack de samples à l’eau de rose. Barbara
Cartland fichée dans le cortex.
Je m’imagine en train d’écrire notre
roman à la bougie → Un livre que tu liras quand il sera édité → tu te reconnaîtras,
tu nous reconnaîtras et vite, tu prendras ton téléphone → tu tomberas sur mon
agent qui ne me laissera pas de message mais qui me le dira au détour d’un
cocktail un vendredi soir sur une péniche → il me donnera ton numéro → je
passerai la soirée comme d’hab’ → je t’appellerai → rentré vers trois
heures du matin → je t’enverrai un texto en fumant un joint dans le jardin
→ tu répondras quelques minutes après.
Le traitement dure 6 à
8 semaines et s’avère efficace à 90 %.
On me parle. J’ai des voix dans la tête. Ce rade est tous les
rades. J’entends des voix quelque part. Ce bar, tous les bars. Je
suis en boucle, en boucle ici depuis que t’es parti baby.
Modulations. J’entends des voix qui chuchotent et d’autres non.
Pour ceux de vos salariés chez qui
la déprime devient envahissante au quotidien, il existe la Thérapie
Comportementale Cognito-Virtuelle (TCCV).
J’enregistre des voix au-dessus du contexte. Comme une CB
qui délivrerait des messages aléatoires.
Nous faisons en sorte
que l’ensemble du champ de vision du
patient soit bloqué par des stimuli. Que
l’’ensemble de son champ de vision soit plongé dans un monde virtuel qui n’a plus
aucun lien avec le réel.
Comme
des interférences. Des micro-bugs. J’entends des trucs issus de je ne sais où.
Je dois vraiment être cinglé. Ou juste bien raide.
(…)
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