Il fait
froid. Il fait nuit. Genius Loci. J’ai
des images, des phrases, des fragments plein la tête. J’allume un joint sur le
balcon. Les voitures passent en bas dans la rue. Je bois une gorgée de bière
que je pose par terre. Je prends une taffe. Je tremble encore un peu. Tout
s’est tellement enchaîné ces dernières semaines. Mais je crois qu’on a bien
géré. Pas de raison de s’inquiéter. Pour l’instant, ici, je suis en sécurité. Ouais, je crois qu’on a eu les bons réflexes au bon
moment. Il aurait pas fallu pas qu’on attende une journée de plus.
Quand
ça commence à déconner, que des mecs tombent ou disparaissent du jour au
lendemain, tu cherches pas, tu te tires.
La voix
déformée de Boston George (chambre 252) sous acide. Il débarquait régulièrement de San Francisco au
Chelsea, style trois quatre fois par an, pour gérer le biz sur la Côte Est
depuis que La Madrina était tombée.
C’était un pote de mes vieux, sa première soirée à New York il la passait
toujours chez nous. La tradition.
A cette époque-là je passais d’étage en étage, de
chambre en chambre, tout le monde me connaissait et je connaissais tout le
monde. J'atterrissais toujours chez George quand il était là. Il avait la
meilleure dope de l'hôtel donc les soirées démarraient, continuaient et/ou
finissaient là-bas.
J'ai vu plein de monde. Style Nico & Ginsberg. Grace et Dylan. Richie
Havens, j'en passe et des meilleures. J’ai
pas trop envie d’énumérer mais ils m’ont tous marqué. Y'avait aussi des tonnes
de jeunes groupies junkies qui se baladaient à poil un peu partout dans la
suite. On vivait à 1000% dans le vaisseau de la transmigration.
C’était
tellement mieux. Les illusions. L’espoir de quelque chose. Participer à un truc
où tu te sens engagé. Un truc qui t’implique.
Je regarde
les bagnoles en bas. J’entends les gyros des flics. Des chiens aboyer. Des
coups de feu quelque part dans la nuit. Un
soir à l’ouest, avant que je parte à Paris, George m’a dit : « ,,,et
n'oublie pas mon p'tit gars ; même si tout semble rouler au poil, les filles,
le champagne le strass et les paillettes, soirée de malades sans aucune limite,
tu dois rester sur tes gardes. Ça fait partie du plan pour durer un minimum si
tu vois ce que je veux dire. C’est fun mais n’oublie pas pourquoi t’es
là. Jamais. ».
Je me suis donc toujours attendu au pire. Je suis
resté sur un qui-vive permanent. 7 sur 7. h24. Je ne veux pas dire stressé
mais… prudent. Discret. En mode parano. Vertige assuré.
(…)
(Retrouvez le texte intégral ici : https://editionsdupontdeleurope.eproshopping.fr/1155013-concrete-jungle-cyrill-chatelain.html)
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