Zoom. Une feuille se
décroche des frondaisons et tombe, flottant à travers le pollen en
suspens, au ralenti. Un vent léger balaie les branches des arbres.
Quelques fleurs de cerisiers forment des petits tas rose de temps à
autre au bord de l’allée. Notre héroïne avance.
La musique parfaite est :
harmonica façon western, guitare au feu de bois et sifflement poor
lonesome far-west. Sous ses haillons, elle marche droit devant elle.
La tête légèrement penchée en avant.
Il n’y a d’autre
bruit que les oiseaux de ci de là et le claquement irrégulier du
bâton, toctoctoc, sur la terre battue. Elle avance en sentant – et
nous la sentons aussi cette caresse intermittente du vent derrière
les mèches de ses cheveux, le voile chaud du soleil sur son visage
et les parfums de pins, de violettes et d’humus que traverse son
tracé.
Le mot de saison parfait
est : printemps. Il semble que l’on entend la sève circuler
et gazouiller dans la canopée. Entre ses lèvres sèches et serrées,
des grains de sable craquent sous ses dents. La ville est loin
devant. Nous marchons.
On voit nettement au
soleil les peluches d’ouate se mêler aux longs cheveux d’Ayase.
Elle traîne ses chaussons de corde sur le chemin poussiéreux. De
dos, ses cheveux de geai chaloupent à mesure de sa démarche lente.
Fondu noir.
Clap. Charles ferma la
scène d’un « Ok ! C’est bon ! ». Et je
dis :
"- C’est nickel là
!
- Ouais, faut voir.
- T’inquiète.
- On va la refaire
quand même.
- T’es sûr ?
- Je préfère parce
qu’il y un moment où…enfin je suis pas sûr, bref. Au point où
on en est, une de plus ou une de moins. Ce n’est pas de ma faute
s’ils titillent tous."
Ça ne faisait que la
dix-huitième fois que l’on refaisait cette prise. C’était
Charles qui titillait un brin. Comme toujours. Et là-bas, je voyais
qu’Aya commençait à saturer. Elle ne disait rien. Ou parlait
assez sèchement à son assistante. Elle ne jetait jamais un œil de
notre côté. Elle s’exécutait. C’était tout. Elle semblait
exaspérée.
.../...
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