mardi 4 octobre 2016

Matrix City Blues (2)


https://www.youtube.com/watch?v=ZGH2pZgAMOA&list=PLTLWlUmI9rlVi8XWWNGBsSgh2Bsswpi7t&index=2

Ça avait commencé comme ça. Sur un solo de guitare.
Tu étais partie dans l’obscurité bleue du bar nous commander à boire.
On venait de danser, on voulait se parler, on avait soif. Je t’ai suivie du regard entre les silhouettes évanescentes jusque derrière le comptoir nous servir nos verres. J’étais assis sur une banquette en moleskine rouge. Tapez 1, tapez 2. Sauvez les candidats de votre choix tant qu’il est encore temps. Sous les spots infrarouges. Dans la fumée dense, et le blues. Ici. Là. Dans la virtualité de la nuit. Le whisky tourbé. L’écho du saxo qui rôde, instable. Les mêmes bandes crackées qui explosent les murs.
Repeat. Tapez 1, tapez 2. Sauvez les candidats de votre choix tant qu’ils sont encore là. Bruits des voix éthérées mélangées en boucle. Ambiance bar de nuit. Une taffe.
Tu étais revenue avec les boissons sur un plateau et tu avais fait :
« Je travaille ici, tu sais ? »

Sur scène, une silhouette liquide se détoure en chantant Since I’ve been loving you juste en face du bar.
<< Viens. Approche-toi. Oui, à côté de moi.
On vient de danser. Tu viens de nous ramener les verres. On fume. Je bois avec toi, mon amour inconnu. Basses, voix et glaçons dans l'écho brisé. Les stroboscopes stridents éloignent et rayent les ombres qui dansent. Nous laissent seuls sur la moleskine. Tu es là. Au centre du bar. Connection. Attraction, vibrations, destin et tout le cirque de l’ocytocine. Riff de blues, guitares bleues derrière les fumigènes-électrophones. Taffe.
Mascarade enfumée. Dès qu’une ombre se ramène près de ma table, je crois que c’est toi, toi qui arrive avec notre plateau, toi qui vient poser tout ça sur la table et t’asseoir à côté de moi, toi qui m’envahit, toi. Le blues tu vois, je le sens comme si un 38 tonnes m’était passé dessus.  
Taffe.
Je buvais sans parvenir à redescendre, I’m about to lose my mind, hanté par des visions qui s’incarnaient et disparaissaient au fil de la musique. My worried mind. Souvenirs d'autres rêves. Toutes ces heures, tous ces soirs à nous parler, nous chuchoter. M'amènent là. En croix. Des images aux trousses. Tapez 1, tapez 2.
Tu avais fait :
« Je travaille ici, tu sais ? Mais je resterai pas longtemps. »

Dès le début, j’avais craint ton départ.
Je buvais. Je buvais un énième whisky sans parvenir à décoller. A articuler. Démonté. Défoncé. Démantibulé. Cassé. Eparpillé. Ensorcelé. Epris d’un rêve sans répit. Addict. Recyclant les mêmes souvenirs dans cette nuit en boucle, ce bar enfumé où tu n’étais plus qu’un hologramme capricieux. Queen of pain.
Syncope.

C’était mon premier verre avec toi. Bruits des voix mélangées en boucle. Ambiance bar de nuit. Tu avais allumé une cigarette, m’avais regardé et avais fait :
« Tu sais, je ne fais que passer dans le coin. »



(...)

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