Ça
avait commencé comme ça. Sur un solo de guitare.
Tu étais partie dans
l’obscurité bleue du bar nous commander à boire.
On venait de danser, on
voulait se parler, on avait soif. Je t’ai
suivie du regard entre les silhouettes évanescentes jusque derrière le comptoir nous servir nos verres. J’étais
assis sur une banquette en moleskine rouge. Tapez 1, tapez 2. Sauvez les
candidats de votre choix tant qu’il est encore temps. Sous les spots infrarouges. Dans la
fumée dense, et le blues. Ici. Là. Dans la virtualité de la nuit. Le whisky
tourbé. L’écho du saxo qui rôde, instable. Les mêmes bandes crackées qui
explosent les murs.
Repeat.
Tapez 1, tapez 2. Sauvez les candidats de votre choix tant qu’ils sont
encore là. Bruits des voix éthérées mélangées en boucle.
Ambiance bar de nuit. Une taffe.
Tu
étais revenue avec les boissons sur un plateau et tu avais fait :
« Je travaille ici, tu
sais ? »
Sur
scène, une silhouette liquide se détoure en chantant Since I’ve been loving you juste en face du bar.
<<
Viens. Approche-toi. Oui, à côté de moi.
On
vient de danser. Tu viens de nous ramener les verres. On fume. Je bois avec toi,
mon amour inconnu. Basses, voix et glaçons dans l'écho brisé. Les stroboscopes
stridents éloignent et rayent les ombres qui dansent. Nous laissent seuls sur
la moleskine. Tu es là. Au centre du bar. Connection. Attraction, vibrations,
destin et tout le cirque de l’ocytocine. Riff de blues, guitares bleues derrière
les fumigènes-électrophones. Taffe.
Mascarade
enfumée. Dès qu’une ombre se ramène près de ma table, je crois que c’est toi,
toi qui arrive avec notre plateau, toi qui vient poser tout ça sur la table et
t’asseoir à côté de moi, toi qui m’envahit, toi. Le blues tu vois, je le sens comme
si un 38 tonnes m’était passé dessus.
Taffe.
Je
buvais sans parvenir à redescendre,
I’m about to lose my mind, hanté
par des visions qui s’incarnaient et disparaissaient au fil de la musique. My worried mind. Souvenirs d'autres
rêves. Toutes ces heures, tous ces soirs à nous parler, nous chuchoter.
M'amènent là. En croix. Des images aux trousses. Tapez 1, tapez 2.
Tu
avais fait :
« Je travaille ici, tu sais ?
Mais je resterai pas longtemps. »
Dès
le début, j’avais craint ton départ.
Je
buvais. Je buvais un énième whisky sans parvenir à décoller. A articuler.
Démonté. Défoncé. Démantibulé. Cassé. Eparpillé. Ensorcelé. Epris d’un rêve
sans répit. Addict. Recyclant les mêmes souvenirs dans cette nuit en boucle, ce
bar enfumé où tu n’étais plus qu’un hologramme capricieux. Queen of pain.
Syncope.
C’était
mon premier verre avec toi. Bruits des voix mélangées en boucle. Ambiance bar
de nuit. Tu avais allumé une cigarette, m’avais regardé et avais fait :
« Tu sais, je ne fais que passer dans le coin. »
(...)
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