J’en
buvais un énième on the rocks en écoutant des extraits, des trailers avec ta
voix en off chargée de goudron et de sexe. Volup-tueuse. Ex-tactique. Veuve
noire du marasme post-coït. Des violons cisaillent l’atmosphère ternaire comme en
tenaille dans un film d’Hitchcock. Asphyxie blues. Microparticules morbides. You didn't want me no more. Tu
es unique et imparfaite, je vis au passé. Asphyxie blues.
Poésie
noire sous trip. Dark horns subliminaux. Je te sens, drone invisible, encore
sur mes lèvres, ton sur ton. Toi sur toi. Et moi retourné au fond de mon verre
dégueulasse de whisky. Je te sens dans les ampoules des spots qui pètent une à
une. Ta présence électrique, maléfique, tectonique. Au bar je vois au bout, au
bout de tentacules anonymes des baguettes d’achillée qui martèlent le zinc,
trouent en trombe le plafond d’un rêve éveillé et d’antiques visions fugitives
qui t’enivrent à l’extrême. Dé-corporation dans le collapsar, je suis ici et
ailleurs. Dans un coin derrière des têtes, je vois issue de secours.
Tu
m'as laissé en mélange brouillon. Il pleut. Il pleut toujours et indéfiniment
ici. Je barbouille au posca les mêmes souvenirs bloqués sur les murs glissants.
Les glycines piquantes au bord des palimpsestes noircis. Les lettres se
superposent. Les/tes paroles que j'entends toujours. Rayons X. Les yeux fermés, ton visage est
toujours là. Connecté. Mais je te cherche en physique, partout, à la lueur
engloutie du whisky. En mineur dans la tourbe. Sans glace. Sec. Dur. Affolé.
J’entends
ta voix déformée sortir des enceintes, des grincements ponctuant chacun des
soupirs sortant de l’autoradio synaptique. Les voix du passé encombrent les
programmations de l’hôpital. Je ne sais pas ce que je dis. Ce que je pense.
Tout s’enchaîne en flux total.
Taffe.
Taffe.
Je
vis hier. A l'épuisement. Le piano hypnotique. Les sépias paralysés d’un
paysage psychotrope désormais vide. Do mi sol la. Mineur. Je me souviens tout,
tout, tout. Je bois un énième verre sans parvenir à décoller.
Le
public applaudit et crie et siffle.
Je bois une bonne vieille et
longue gorgée.
La batterie au pas avec un
charley léger, et régulier. Une autre gorgée chaude. Yamazaki, Bourbon Barrel. Revenir ici, c’est marcher dans un
cimetière profané, béant et des feux follets qui te brûlent la peau à vif. Je
reviens néanmoins chaque soir, je visionne les mêmes bandes passées, ici, au
centre du vortex, au plus près de nous, au plus près de toi. Comme si tu
pouvais réapparaître. Apoplexie blues. A call girl will
kill you in a darkened room.
Hypnose.
Lap-dance. Un piercing brillant fiché dans son nombril, elle ondule face à moi.
Tu ondules devant moi. Tes ongles noirs arachnéens devant ton visage de poupée
maquillé en femme fatale gloss et pin-up. Tu ondules sur la barre. Ton ventre à
peau douce sous les spots rouges et bleus, ton ventre serpent, tu te déhanches.
Poncif blues fin fond bar enfumé souvenirs de toi.
Dans
le film commun du poncif bluesy où je marche le soir, le soir sur le trottoir du fond du
bar, tu es devant moi et je vais et je viens, de te rencontrer.
La nuit est à nous. Devant nous. Et cætera. But
she's out of reach. L’écran
enchaîne les noir et blanc figés d'un autre temps. Ce rade est mon trou.
Dans l’air épais de la ville, j’ai découvert en vrille l’envers de tes
paupières — riff de blues, guitares bleues derrière les
fumigènes-électrophone.
Je
ne fais plus rien d’autre, comme un aimant, amant d'une épitaphe invisible en
boucle, en mode revenant dans le Styx trouble de la nuit. Des voix racontent entre
deux croches des histoires de jolies pépés possédées qui possèdent. Mal occio. Tu
ondules le long de la barre. Tu ondules devant moi, rien que pour moi.
Cette
vie est la plus bizarre que j’aie jamais eue à vivre, terré là entre les voix,
la musique, la fumée, les rires des filles dans les toilettes des filles. Le
concert va reprendre dans quelques instants.
(...)
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