4.
Mardi. Des stries.
Vous étiez un partisan du
système et vous aviez un boulot en or.
Tu
sniffes un peu pour tenir, beaucoup pour te divertir, c’est pour le vent dans
les cheveux. Tu sais que ce n’est pas de la coke pure mais plutôt un vieux
mélange de RC, de lactose, d’acide borique, de sulfate de zinc, de speed mais
finalement peu importe, tu aimes ça, ça te speede, ça t’affine et t’optimise. Tu
respires. Tu oublies direct
les brisures constantes, le boulot qui flanche, les cassures, les réflexions, les
retards, les insomnies, les névralgies, les sueurs froides, ce qui constitue la
petite mécanique de ton quotidien. Bam, tu fais le break.
Tu
t’aperçois qu’enfin, tu te détends.
Les choses sont circonscrites et les vies formatées au
sein d’un
monde sécurisé. La légende
urbaine te répète qu’on te surveille derrière le brouillard, sur les autoroutes,
les routes et les rues, dans les gares, les aéroports et les réseaux. Tu sais
qu’on te trace. Qu’on a la possibilité de te tracer.
Les réseaux dégueulent d’egotrips, de selfies, de moi moi moi personnellement je, oui, moi je pense que moi je me flashe et parle de moi sur moi ma vie visible par tout le monde au milieu d’une cacophonie de traders cokés. Do you see the light at the end of the tunnel ?
Les réseaux dégueulent d’egotrips, de selfies, de moi moi moi personnellement je, oui, moi je pense que moi je me flashe et parle de moi sur moi ma vie visible par tout le monde au milieu d’une cacophonie de traders cokés. Do you see the light at the end of the tunnel ?
Des stries. Des sillons. Le caillou qui
raye lentement la vitre en gros plan. J’ai des petites cernes autour des yeux. Micro-pointes.
Des rides. Ma vie dégueule aussi sur facebook et instagram. Les réseaux sociaux. Je
ne suis différent de personne. Je montre ce que je veux montrer. Je crois
montrer ce que je voudrais montrer. Ça n’a que peu d’importance en réalité. Je poste
des trucs et ce qui m’intéresse c’est le nombre de vues. Et de likes. De partages.
Ça fait du bien à l’égo. Ça occupe. Enfin perso pour être honnête, ça m’a occupé
jusqu’à ce que je me lasse.
Il est 19h00. Non, 19h15. Je ne sais plus être à l’heure.
Elle doit déjà m’attendre au bar, en face de l’hôtel,
Je me speede.
Pseudo : Mélina.
42 ans.
Mariée.
Aime la lecture, la musique, le cinéma et l’équitation.
Elle s’ennuie. Elle travaille beaucoup. Son mari aussi. Il
est souvent en déplacement et puis, le temps a passé. C’est comme ça. C’est la
vie. Elle cherche un peu d’aventure dans la semaine. Jamais longtemps. Une à
deux heures de temps en temps. Si ça matche, une fois par semaine. Elle tape
vite. Elle précise ses règles. Elle cherche du sexe et pourquoi pas un plan
régulier. Elle a vu ton profil et tu lui plais. Tu es très beau. Mais elle est un peu lasse parce qu’elle est toujours
tombée sur des Sexcorts pas terribles niveau intellect. Musclés, tatoués mais cons-cons. Et toi, tu n’as aucune note. Le grand mystère. Un nouveau. C’est
presque comme une vraie rencontre, tu trouves pas ? Je réponds un truc
tranquille style, oh ouais
carrément ! Apparemment ça lui plaît parce qu’elle enchaîne avec un, tu branches ta cam ? Ça serait plus
sympa…
(…)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire