« J’ai
l’impression de t’avoir toujours connu.»
Je
fais du sur-place. Je fais tourner les
glaçons dans mon verre. Ta voix quelque part se mêle à celle du chanteur.
Obsession morbide. I put a spell on you.
Ce n’est plus le même bar en vérité. ‘Cause
you’re mine. Le monde se solidifie en une lente torsion complexe gelant
paysages, rues, respirations. Le monde, bloc mort.
Le
blues alimente le blues alimente le blues alimente le blues. Sur-place. Revenant
ici chaque soir. Répétant la même situation syncopée : le blues dans le
bar, comme une vieille chanson enfouie au fond de toi depuis toujours, comme un
truc que tu connais obscurément, comme les linéaments d’une prédisposition
génétique. Le blues, ça fonctionne comme un track sur pause, un logiciel
programmé dans ton disque dur. Un track prêt à faire feu. Un truc nucléique qui
se déclenchera à coup sûr à un moment donné. Expérience de Milton sous RC
inconnu. Le degré de fluor dans le cerveau est probablement maximal. Tes
neurorécepteurs n’attendaient que ça. Ne pas utiliser sans connaissance des
effets secondaires. Le blues est un track dont on ne sort pas.
J’allume une cigarette. Le blues mec, fume dans les spots
bleus. Un trip dont on ne sort pas. La cérémonie n’est pas du tout sur le point
de finir. J’allume une cigarette.
Elle recommence sans cesse. Bruits des voix diluées en boucle.
« J’ai
l’impression de t’avoir toujours connu.»
Je
fais du sur-place. Je fais tourner les voix que j’entends dans mon verre. Subliminales.
J’habite un temps chimique enroulé sur lui-même. Riff de blues dans le bar,
noyé dans le single barrel. Just a little
spoon of your precious love will satisfy my soul. Ce n’est plus le même bar
en vérité. Une autre substance se répand derrière le concert. Tu sais, je vois
des trucs, j’entends des voix de plus en plus. Et l’odeur. L’odeur palimpseste d’un
couloir d’hôpital, l’éther dans la fumée. Réseau fou. Envie d’un plan hot en
toute discrétion ce soir. N’attends plus, prends ton téléphone. C’est ça le
blues. Un éclat de métal froid collé à un aimant. Je ne pense qu’à toi ici. Toi
ici, toi avec moi, ici, mais dans une autre vie.
Fréquences
binaurales. Tu nous entends ?
La
musique déformée sort d’un scratch comme une fumée de cigarette s’élevant d’un tabouret en jarretelles.
Le bar bruisse dans la gamme blues. Des cendres tombent des boules à facettes.
Tout est vrai. Chuchote. Chut. Ne m’éveille pas. La basse joue deux notes.
Doucement. Je veux rester dans tes bras. Ne parle pas. Chut.
J’enchaîne
chaîne, chaîne les verres. Les clopes. Just
a little spoon of your precious love ; is that enough for me ? Je
prendrais bien un peu de dope. De la coke. Ou de la MD. N’importe quoi en fait.
Ce
que je veux te dire c’est que depuis que tu as disparu, je suis en bad. Je
tremble de l’intérieur. Je te cherche. Non. Je t’attends. J’imagine que tu
pourrais revenir ici. Et puis en vrai je ne sais rien.
Syncope.
Let me tell you a story. Seul à ma table. About a little girl i know. Le blues sépia when she walks into a room, cette musique que nous écoutions
ensemble. C’est comme si tu étais là. You
know she steals the show. Le
présent confondu, flou, fuyant, glissant. Multi-changeant. She’s crazy. Ouais, je prendrais bien un peu de dope. Pour oublier
évidemment. Oublier ce putain de blues, toutes ces étoiles qui transpercent mes
nuits et le plafond de la boîte. Nous aurions pu. La musique déformée comme un
vinyle qui repart dans un autre espace-temps.
Du
blues plein le bar. Tu n’es pas là. Du blues partout. Je bois du blues. Je fume
du blues. Je suis blues. Je coche homme. Age. Célibataire. Affection.
Traitement. Des points que vous voudriez aborder : le blues me donne des
frissons.
(...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire