La
chef, visage fermée, avait ajouté :
« Vous
savez ce que cela signifie : des conséquences très, très lourdes découlent
de vos actes. Et nous ‘y pourrons rien. »
L’entreprise est une famille
à l’équilibre fragile. Il y avait des tableaux, des
process pour toutes sortes de situations que pouvaient rencontrer les managers,
les managers des managers et les managers des managers des managers. Tu décris
le problème dans le logiciel, tu remplis les champs, tu mets un titre et tu
valides l’avis pour intervention. La bête te sort un résultat. La matrice
tranche.
Dysfonctionnement → diagnostic → action.
J’étais
signalé sur le fichier national. Inscrit en rouge. Vous êtes dans un espace sous surveillance vidéo. Déclaré
officiellement en burn-out. Donnée corrompue par affaiblissement du processeur
central. Erreur. Irrégularité du système. Data
Error. Donnée folle. Elément perturbateur. Dépersonnalisé. Cynique.
Influence fortement négative sur le groupe. Idées transgressives. Nombre de
passages à l’acte : 3.
La
chef continuait :
«Nous
ne pouvons pas nous séparer de vous. Il n’y a pas de chef. Nous sommes tous des
employés. Nous avons pour obligation de
vous permettre de vous soigner dans les
meilleures conditions tout en respectant nos objectifs économiques. Car oui,
votre rentabilité a diminué. Nous ne pouvons pas vous, et nous, laisser dans
une telle situation. C’est pour nous très mauvais au niveau de la notation.
Vous faites chuter nos statistiques. Vous serez affecté au programme 687.
Comprenez-bien que c’est votre dernière chance.»
(...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire