lundi 18 octobre 2021

Promenade

 

Quinze heures crissant sur les graviers de la cour carrée, c'est l'heure de la promenade quotidienne, l'heure où je respire l'air extérieur, l'heure où je sens le vent sur mon visage, l'heure où j'entends les oiseaux en plus du brouhaha, du trafic et des gyrophares. L'heure où je vois enfin le ciel.

À quinze heures chaque jour dans la cour carrée entre les deux miradors déchiquetant l'horizon, les barbelés et les sept caméras, je marche seul entre les hauts murs en briques noircies et les grillages électriques. Je ne parle pas, je marche. Et même si je ne suis pas le seul et que je dois slalomer entre eux, c'est plus simple de faire abstraction des autres dehors.

Chaque jour pendant deux heures, je profite du son des gravillons sous mes tennis déformées pour m'évader. Inspirer. Expirer. Penser à après aussi. C'est ce qui me permet de tenir, ce petit tour de manège imposé et régulier, dans mes pensées, parce qu'entre les graviers usés et les racines carrées des mauvaises herbes, je trouve toujours des nuances dorées de survie, des pierres à feux multicolores et de quoi me fabriquer un abri pour tenir. Tenir jusqu'à l'extraction.


« FIN DE PROMENADE !»