jeudi 5 septembre 2013

23 secondes [1]





Regarde au-dessus des tours grises, regarde les hélicoptères qui tracent des contrechamps spirales.
Regarde par la vitre entre les gouttes les lumières fantasques, les traits sinueux concentriques/ dévide quelques reflux soap de vieilles clopes décadentes, glide et distorsion sur la basse, bring me alone, soupir, contre toi qui rêve sans artefact, sans plus aucun artifice ingénu, regarde les feux idoines d'un camp de fortune glissant le long des flots sombres que j'imagine piqués de planctons phosphorescents, le ressac numérique dans le vide du jour virtuel, les rues enregistrées, regarde ; j'imagine l'acier froid d'un canon entre mes lèvres. Touchant mes dents.
Des tablas évanescentes, explosions noires, chassent le vent, charrient la pluie dans les flaques de lave solide. Une boule dans la gorge. Les spams de mes demies-nuits. Je. Tu ne peux pas pleurer. Spleen. Opaque. Insomnie noire. Key logger. Ressaisissez votre mot de passe. Montée. Écarquillés/ le plafond noir. Tes yeux grands ouverts. Injection trash. Implosion.

L'espace modifié prend place sous tes yeux. Tu sembles horrifié. Choqué. L'émotion, c'est : la panique, la panique torpeur.





Insomnie rouge.




Key logger. Injection. Déjection. Ressaisissez votre mot de passe. L'inoculation ne dure que 23 secondes. Les plafonds défilent. Le bruit des roulettes. Néons, couloir d'hôpital, la panique écarquillée dans la lame du scalpel. Le pointe de la seringue. Flash d'insomnie. On utilise une aiguille ultra-fine introduite à travers la sclère du patient à un endroit pré-déterminé. Ré-ré-réveille-toi. Les nuages glissent sous la lune noire.
Injection d'insomnie. La structure ADN se calque sur les 23 paires de chromosomes du sujet. Flash. Lumière blanche. T'injecte l'insuline glycol, la térébenthine, les trojans et virus célèbres, communion cellulaire à travers les nuits qui se tordent, le glide sur la basse germinale, les télépathies thuriféraires. Un microcode nanoviral de seconde génération.
Rouge sang. D'abord le venin sur mes/tes lèvres, une nouvelle caresse, une nouvelle expérience, une modification, une morphose insidieuse, poison dans le vide du jour virtuel. Oui, une reprogrammation génétique.
Regarde les hélicoptères qui larguent du napalm, regarde au-dessus des tours grises. Regarde par la glace entre les cellules les cellules se dévorant entre elles, rubis cannibale, l'insuline ahrimanienne qui t'écarquille au maximum, instillation GABA, les yeux plafonnés, striés de souvenirs de ciel bleu. Styx. Le cerveau allumé en mode automatique. En roue libre dans les contrechamps spirales des nuits blanches.

Tout est confus. Sur tes mains, du sang.


Ne bougez pas, là, doucement. (Regarde par la vitre entre les gouttes, seringue rouillé d'images radioactives, ferraille, le ressac numérique des voitures phares allumés, le va-et-vient perpétuel, toujours minuit ici, coupe-illusion, passe-bas, scalpel, insomnie de lave bouillante, larves brouillées, lèvres entrouvertes. L'injection les yeux ouverts.) Laissez-vous faire.


Typhus, trip hallucinatoire aspirant la fenêtre ; les revêtements acides débordent tous azimuts les venelles en bas que j'imagine visqueuses, humides et puantes. Nuits infinies. Babylone. Bring me alone. Relâchez la pression. Ça y est. On y est. Shoot de noradrénaline au fond de l’œil. Accélération. La ronde des pensées incontrôlables. Écarquillé. C'est bon. Le plafond s’élève. Les torchères dérapent. Injection trash. Au creux de l'oreille, les mêmes mots, ré-ré-réveille-toi, la tension, seule, et l'injonction, l'injection d'insomnie dans les rues déformées, les murs mous qui suintent, suent, scient, cisaillent - impossible de dormir : tes yeux grands ouverts. Insomnie lysergique programmé. Implant réussi. Quand il ne reste plus rien d'autre que ça, je me lève.
Le canon froid du réel entre mes lèvres, la pièce dans le noir, la lune à la fenêtre entre les arbres, la lumière jaune, arraché , extrait vivant d'un caveau profond. Biopuce implantée. Du sang strident, épais, tumultueux, acouphènes bouillonnants ; insomnie rouge sang. Dérèglement en temps réel.

Tout est confus. Du sang sur tes mains.










.../...

mercredi 4 septembre 2013

[CHRNK 04032259] (Archives de la Base)





C'est vraiment un très très beau disque.
Alors selon l'expression consacrée, il est déjà dans les bacs. Cette mélodie magique retransposé en jazz aux confins du trip-hop acoustique avec 1-une guitare minimale, 2-un piano ultra clair et précis en contrevent avec le plug-in Onirik Space Delay,
[l'air du désert quand tu écoutes, la respiration des Fender-Rhodes
[les dunes, les brises LFO
[la lune,
[des visions modulables 1.0 +∞
[une silhouette vêtu d'un sari négatif en contre-jour – et soudain 3-la BASSE –
& tu reconnais toutes les pistes, chemins, ruelles, tous les tracks que tu as écoutés dans celui-ci, l'air est un vecteur transcendant, perf' audio –
[les galets roulent les uns sur les autres en raclant les fragments coupants disséminés de la lune, le morceau en question est issu de l'album Blue Suburban, ils n'ont jamais cessé de jouer ensemble dit l'histoire, des standards aussi, bien sûr. Vraiment canon.
4-Un xylophone humide clapote en ternaire les façades sombres des venelles oranges. Les mesures s'enchaînent. S'ajoutent. Se délient, se défient & s'annulent. Le morceau s'intitule peut-être Revolver. Ce sont les trois seules syllabes du scat halluciné réalisé à l'aide d'une synthèse vocale.
Ce qui est incroyable, c'est la puissance d'évocation visuelle de l'interprétation. Musique en MODE mystique, cryptage secret désoxyribonucléique dans le réseau. S'imposent des/ décodeur du gel, transsibérien modifié, le crime programmé,
[images de films,
[volutes de l'écume des caniveaux express, sue,
tu reconnais ces musiques, toutes ces sons acides, ces nappes qui trillent spirales en continu dans les profondeurs enfouies de. À l'ombre sous la mousse. Cerveau-radio. Âme. Rouge. Pleure. Ris. C'est un peu comme si on vous donne deux grammes de coke à six ans. Quelque chose d'exceptionnel. Un enregistrement sous bandelettes exhumé du passé.
Astronaute-orchestre. Cosmonaute du son. Staccato bleu.
[Un piano suinte laissant une pellicule grasse couleur rouille sur les rails bruine dans la brume.
Vortex disponible, ce morceau est tous les morceaux. Free update. L'unique. Le seul. L'opium fatal. Comme si ton âme connaissait déjà le chemin. Ton cœur, la route. Dégrafé. Et voilà : ce morceau est vraiment magnifique. Parce qu'il te mystifie.
Si. Si si, vraiment. « E C O U T E, P U T A I N ! »
Tu attends une croche, c'est un triolet. Un dièse, un bémol. Une blanche, une noire, une note, le silence.
Tu t'accroches à la mélodie et elle t'embarque progressivement dans une autre. Sans coupure. Les ambiances-mondes se succèdent.
[Glissent.
[Voyages.
Parce qu'il vous surprendra toujours par l'alternance de séquences, le switch sans cesse regénéré... L'A & l'Ω auto-engendrés. Matrice. Les flashs couplés en samples normalisés fonctionnent comme des plateformes égalisés en surface, des fusées de lancement vers d'autres sphères. Dans d'autres univers en 3D. Galaxies décadenassées. Ce morceau est le seul morceau. La mère. Ici et maintenant. Le père. Pour les siècles des siècles.