lundi 22 juillet 2013

Ayase [wip partie 1]



Zoom. Une feuille se décroche des frondaisons et tombe, flottant à travers le pollen en suspens, au ralenti. Un vent léger balaie les branches des arbres. Quelques fleurs de cerisiers forment des petits tas rose de temps à autre au bord de l’allée. Notre héroïne avance.
La musique parfaite est : harmonica façon western, guitare au feu de bois et sifflement poor lonesome far-west. Sous ses haillons, elle marche droit devant elle. La tête légèrement penchée en avant.
Il n’y a d’autre bruit que les oiseaux de ci de là et le claquement irrégulier du bâton, toctoctoc, sur la terre battue. Elle avance en sentant – et nous la sentons aussi cette caresse intermittente du vent derrière les mèches de ses cheveux, le voile chaud du soleil sur son visage et les parfums de pins, de violettes et d’humus que traverse son tracé.
Le mot de saison parfait est : printemps. Il semble que l’on entend la sève circuler et gazouiller dans la canopée. Entre ses lèvres sèches et serrées, des grains de sable craquent sous ses dents. La ville est loin devant. Nous marchons.
On voit nettement au soleil les peluches d’ouate se mêler aux longs cheveux d’Ayase. Elle traîne ses chaussons de corde sur le chemin poussiéreux. De dos, ses cheveux de geai chaloupent à mesure de sa démarche lente. Fondu noir.

Clap. Charles ferma la scène d’un « Ok ! C’est bon ! ». Et je dis :
"- C’est nickel là !
  - Ouais, faut voir.
  - T’inquiète.
  - On va la refaire quand même.
  - T’es sûr ?
  - Je préfère parce qu’il y un moment où…enfin je suis pas sûr, bref. Au point où on en est, une de plus ou une de moins. Ce n’est pas de ma faute s’ils titillent tous."


Ça ne faisait que la dix-huitième fois que l’on refaisait cette prise. C’était Charles qui titillait un brin. Comme toujours. Et là-bas, je voyais qu’Aya commençait à saturer. Elle ne disait rien. Ou parlait assez sèchement à son assistante. Elle ne jetait jamais un œil de notre côté. Elle s’exécutait. C’était tout. Elle semblait exaspérée.

.../...

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