samedi 20 mai 2017

Matrix City Blues (5.1)



(…)

Slow. Bluesy beat. J’allume une cigarette. Voix hantées. La fumée serpente dans la lumière bleue. I wanna tell you about Texas Radio and the Big Beat – la basse roule, une autre gémit, infra-riff de blues, cymbale, guitare en delay, seul un spot est braqué sur le chanteur, le bar est dans l’obscurité, la foule mouvante, cool & snow, je reviens des toilettes. J’ai trouvé par hasard, mais il n’y a pas de hasard, un gars qui sniffait au bord des lavabos. 
« T’en veux ? Elle est terrible ! » 
L’impression qu’il y a plus de monde dans la boîte. De bruit. D’agitation. Il fait chaud. Western dream. Break de batterie. Le chanteur tout en noir, voix off sur la musique. Le hasard n’existe pas. Je ne sais pas combien de fois tu m’as dit des trucs dans ce style-là. Station orbitale Bar Blues. Sous la neige.
« Tu sais chéri, ne t’attache pas.
-      Pourquoi tu dis ça tout le temps ? 
-      Parce que je ne sais pas de quoi demain sera fait. 
-      Ça veut dire quoi ? 
-      Ça veut dire : carpe diem. »

https://www.youtube.com/watch?v=3MbXcef8JQY&index=9&list=PLTLWlUmI9rlVi8XWWNGBsSgh2Bsswpi7t
Je bois en regardant des ombres. Comme dans un vieux rêve blues. Je n’ai pas le souvenir de faire autre chose. Guitares en delay. Mon quotidien se résume à ça. La cymbale régulière. Etre là. Etre là à me spoiler l’histoire en stop-motion. Comme dans un drug-bar. The voices of singing women calls us – sans arrêt. Une cartouche de blues. Mettez-moi l’identité d’un type qui a le blues. Psyché blues. Prends la pilule bleue. Live with us – pousse les portes du saloon. Commande un whisky, puis un autre et un autre. Mon amour électrique. Le dance-floor dans les spots incendiaires. Reste là. A ressasser. Recycler. Renifler les corps kaléidoscopes, les ombres qui dansent sous les spots.
J’entends des voix. Je dois vraiment être cinglé. J’ai développé une tristesse qui n’en finit pas de se dérouler. Addict à l’inaccessible.  Aspiré. Bloqué. One morning, you awoke.
Autour de moi, je vois toujours les mêmes personnes. Sur ma droite, quatre mecs réunis autour d’une bouteille de bourbon. A ma gauche, un couple plutôt classique qui boit du champagne dans la pénombre. Devant moi, plusieurs mecs attablés seuls tournés vers la scène. La musique accélère. Ton absence résonne à ma table peuplée de verres vides. Comme dans une sitcom. Une série B. Une pub pour n’importe quoi.   
Je retourne aux toilettes.

(…)

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