samedi 30 juin 2018

Data loss [10]


https://www.youtube.com/watch?v=c6avfPIL55Q&list=RD8bH9YdpVAkQ&index=12


Inscrit en rouge. L’erreur. Tu es l’erreur. Tu es né par erreur. Avez-vous des questions ? Tu es l’inconnu brouillé qui cherche une place dans le wagon bondé. Tu es celui qui dort sur une bouche d’aération du métro. Tu n’auras jamais ma reconnaissance, ni celle de ta mère. Tu es inférieur. Tu fais les mauvais choix. Les plus mauvais choix. Tu inventes les plus mauvais choix. Tu es con. Tu te mets toujours dans la merde. Tu t’attires des ennuis. Tu ne vaux pas grand-chose. Et ça fait mal, avec tous les sacrifices qu’on a fait pour toi, voilà ce que tu fais. C’est zéro. Tu es nul. Tu es maigre. Tu ne dois pas bien manger. Tu es enflé. Tes lèvres sont écarlates et gonflées. Tu empestes l’alcool. T’es un raté. Tu ne vaux rien. Tu es l’inconnu dans l’équation. Tu es ce qu’on n’attend pas. Qu’est-ce que tu vas devenir ? Nous tenterons d’y apporter une réponse. Tu finiras clochard. Tu finiras sous un pont. Au mieux, tu finiras balayeur. Réponds-nous. La cuisine est ton tribunal. Nous sommes tes juges. Pauvre con. Tu es le blocage.
On ne te voulait pas. Tu es le produit d’une défaillance ; le dommage collatéral. La malédiction. Tu es l’empêchement. T’es vraiment nul. Non, tu n’es pas assez mûr, très loin de là même. Faites des phrases au marqueur sur le modèle suivant : si je gagnais au loto, j’arrêterais de travailler. Le monde tremble. A découvert. La déchirure du continuum spatio-temporel. Le latex percé dans le monde parfait de partage et d’architecture ronflante de l’ego-trip. Je tremble à l’aune de l’inédit. Nous restons avec vous pour faire le point au fur et à mesure de l’évolution de la situation.

Le toubib était plutôt rassurant :
« Oui. Votre cas est classique. Ne paniquez pas. Oui, c’est normal, c’est l’angoisse qui fait ça. La chute de l’adrénaline. Vous revenez au réel. Vous décompensez et c’est bien normal. Oui, je vous répète que votre cas est classique. J’ai votre dossier sous les yeux. N’augmentez pas la charge négative des évènements en les ressassant. Il nous reste cinq minutes. »

(…)

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